L'Expression

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Yao en concert à l'Institut français d'Alger

Le slam pour panser les âmes

Ses morceaux sont emplis de sensibilité de telle manière que l'on ne s'ennuie pas, tant l'artiste baryton arrive à faire corps avec les mots en restituant complètement leur substance charnelle entre tempo juste et une superbe voix mélodieuse...

La salle de spectacle de l'Institut français d'Alger a accueilli dimanche soir le spectacle de l'artiste et slameur canadien, Yao. Un artiste d'origine togolaise vivant au Canada et doué d'une verve inouïe. L'artiste, dès la première note arrive à nous subjuguer et à nous scotcher. Sa voix est belle et ne laisse pas indifférent. Accompagné d'un guitariste, un claviériste, batteur et d'un bassiste, Yao ne fait pas que slamer, mais danse aussi sur scène, interagit avec le public...Ses morceaux sont emplis de sensibilité de telle manière que l'on ne s'ennuie pas, tant l'artiste arrive à faire corps avec les mots en restituant complètement leur substance charnelle entre tempo juste et une superbe voix mélodieuse. En effet comme il est décrit dans sa biographie «Poétique, Groovy, Funk par moment et Soul dans son ensemble, Yao, de sa voix grave, réussit à charmer par l'univers chaleureux de sa douce poésie et par son audace artistique. Son écriture imagée - empreinte d'une très grande sensibilité - nous rappelle la richesse textuelle du rap français de MC Solaar, d'Abdel Malik ou d'Oxmo Puccino, avec un côté pop éclectique - où les univers musicaux se succèdent et s'entrelacent à travers les frasques de ce poète.» Sa voix de baryton monte, escalade les montagnes de l'émotion et de la poésie. Son écriture est une belle leçon de philosophie qui donne à écouter des textes profondément poétiques à souhait, qui traverse l'âme du spectateur ou plutôt de l'auditeur.

Esprit Kintsugi
L'artiste qui s'est déjà produit en Algérie en 2017 est content de retourner sur cette terre qui rappelle ses racines, pour interpréter les morceaux de son nouvel album renvoyant à l' Esprit Kintsugi, cette technique ancestrale, découverte au XVème siècle au Japon, consistant à réparer un objet brisé en soulignant ses fissures avec de l'or! Ainsi avec sa musique, l'artiste lui, répare les blessures des âmes des êtres et les fait renaître. Ne se contentant pas de slamer ou de danser, l'artiste comme une bête de scène qu'il est, vit ses chansons. Un des moments forts de la soirée sera en effet, incontestablement, ce morceau où il dira qu' «un homme ne pleure pas», et où, pendant cette extraordinaire performance vocale, il se mettra à crier pour finir à genoux, mimant les pleurs d'un homme. Slameur au vers aiguisé, l'artiste qui chante la mélancolie, le voyage, l'amour et l'art, dresse aussi un réquisitoire contre l' «étrange absurdité» du racisme qui existe entre les hommes. Si sa musique se veut entraînante parfois, l'on n'oublie jamais l'intelligence intellectuelle de ces textes raffinés au français impeccable. Notons qu'après s'être largement distingué sur la scène canadienne-française avec son album Perles et Paraboles (Intello-Productions, 2013), dont les fruits ont été sept nominations au Gala des prix Trille Or 2015 (par l'APCM - Association des Professionnels de la Chanson et de la Musique), Yao a reçu en octobre 2015, le prix Édith-Butler de la Fondation SPACQ (Société professionnelle des auteurs et compositeurs du Québec.)

Artiste-éducateur
Son projet, Lapsus (Intello-Productions, 2016), est entré 24e du Top 200 des nouveautés francophones sur iTunes Canada, dans la catégorie «French Pop.» Une création très personnelle et captivante, qui lui a valu deux nominations aux Gala des Prix Trille Or 2017 («Meilleur auteur, compositeur ou auteur-compositeur» et «Export Ontario (l'artiste ontarien qui s'est le plus illustré à l'extérieur de la province.)» En 2019, avec sept nominations au Gala des Prix Trille Or, il remporte alors le top trois des prix les plus convoités comme «Artiste de l'année», «Spectacle de l'année», ainsi que le prix «Coup de coeur des médias». Yao a reçu en novembre 2018, la Médaille commémorative du Sénat, soulignant le 150e anniversaire de la Confédération du Canada - une distinction visant à souligner ses réalisations ainsi que son implication dans la communauté, via son art et son travail de promotion de la diversité culturelle, à travers le pays. La même année, il reçoit le prix Artiste-éducateur de la Fondation des arts de l'Ontario et ce, grâce à son travail d'artiste-éducateur.
En effet, l'artiste ne se contente pas de slamer, mais propose même des ateliers artistiques dans le milieu scolaire. Chanteur plusieurs fois primé et poète slameur, Yao donne depuis une douzaine d'années des ateliers d'écriture à des élèves du secondaire. Il explique pourquoi sa carrière musicale et sa passion pour l'éducation sont désormais indissociables. Il en sera certainement de même, lundi dernier, lors de son master class à l'IFd'Alger. 

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