L'Expression

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Le temps d’une chanson

«La musique est une révélation plus haute que toute sagesse et toute philosophie» (Ludwig van Beethoven 1770 - 1827)

Plus d´une centaine de pays de par le monde ont célébré le 21 juin «la Musique». Capitales, villes et villages, hameaux, quartiers, rues...ont accueilli l´été dans la joie, la danse et le bonheur. 21 juin, solstice d´été, journée la plus longue de l´année, nuit courte mais intense, les peuples d´Europe et d´ailleurs ont prolongé jusqu´aux heures du petit matin, leur joie de vivre dans la communion et la liesse populaire. Des dizaines de milliers d´orchestres, des milliers de chanteurs professionnels, amateurs, musiciens d´un jour, tous ont célébré l´hymne à la vie, à la beauté de la nature, à l´amour, à l´espoir de lendemains meilleurs. Le temps d´une nuit ils ont mis de côté leurs différends, leurs différences, leurs désaccords, leurs angoisses, leurs problèmes, leurs interrogations...pour se réunir par la musique et se dire, le temps d´un tango, d´une valse, d´un rock, d´un rap, d´un chaâbi, d´un raï, d´un chaoui...que la vie a un sens, qu´il reste aux Hommes la capacité de vivre ensemble dans la paix et la liberté. La fête de la musique est l´occasion pour l´humanité de célébrer ses propres retrouvailles. «La musique, c´est du bruit qui pense» disait Victor Hugo. La formule pourrait prêter à l´ironie, n´étaient la stature et l´immensité de son auteur. Oui, la musique fabrique la vie, celle intelligente qui fusionne en son corps la nature et l´Homme dans ce qu´il a de plus noble, sacré: la liberté. Par la magie de son langage, la musique amplifie le goût à la vie, féconde le sentiment d´être, d´exister et rappelle l´origine de chacun. Qui il est, d´où il vient, que fait-il et où va-t-il. Elle lui donne à «penser», comme le dit le plus grand des écrivains et poètes. Qui peut, en écoutant El Anka, ne pas sentir l´odeur du jasmin à la tombée du soir, les youyous des femmes, voir les terrasses d´Alger et les fêtes de mariage...Qui peut ne pas aimer Alger? Et les mélodies des flûtes, les rythmes des tambourins et le medh célébrant les épopées du combat de nos aïeuls pour la liberté, ne sont-elles pas une déclaration d´amour au pays, à son histoire et ses luttes pour la liberté? Oui, la musique fait aimer son pays. «Sans musique, la vie est un vide, un non-sens, une erreur», disait en substance F. Nietzsche. Les ennemis de la liberté et de l´amour ont, durant la tragédie nationale en Algérie, fait de l´assassinat de chanteurs et artistes le symbole de leur projet: la dictature, la haine, l´enfer. Evénements révélateurs du rapport de la musique à la vie s´il en faut. Le long de cette nuit du 21 juin, alors que la fête, le rire, la fraternité inondaient les rues, quartiers et maisons de Bruxelles, mes pensées ne pouvaient quitter mon pays. Si injustement puni par le sort. Harraga, émeutes, pauvreté d´une grande majorité de mes concitoyens, désolation des villages et campagnes, jusqu´au climat si rude, été comme hiver...Avons-nous droit de chanter? Avons-nous droit de rêver, d´espérer? Qui nous l´interdit? Durant toute cette nuit bruxelloise, j´ai cherché des réponses à mes angoisses. Ce n´est qu´au petit matin, une fois les rues vides et que les agents de la propreté passaient au Kärcher les places et trottoirs, que le silence de l´aube dit: «Tout cela existait au pays. Les fêtes populaires, la joie de vivre, la musique...il faut juste les ressusciter.» Et la passion de la musique rétablira l´amour du pays.

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