L'Expression

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Du pain d’épices pour Ben M’hidi

C’était sa dernière action. Il y a 64 ans, jour pour jour, la grève des 8 jours. Il avait impressionné son geôlier qui témoigne…

Compte rendu. «Considérant la situation en Algérie qui cause beaucoup de souffrances et de pertes en vies humaines, exprime l'espoir que, dans un esprit de coopération, une solution, pacifique, démocratique et juste sera trouvée par des moyens appropriés, conformément aux principes de la Charte des Nations unies» (extrait de la résolution adoptée à l'issue de la XIe session, le 15 février 1957, de l'Assemblée générale de l'ONU). C'est pour ce résultat qu'une grève de huit jours avait été décidée en Algérie du 28 janvier au 4 février 1957. Le peuple algérien, en suivant en masse l'ordre de grève, a donc pu faire entendre sa voix jusqu'à Manhattan. La grève a été suivie sur l'ensemble du territoire national, mais c'est à Alger qu'elle fit le plus de bruit. Nombreux étaient les correspondants de la presse internationale qui s'y trouvaient et qui ont pu assister à la répression sauvage de l'armée coloniale dirigée par Massu qui venait de recevoir les pouvoirs de police. L'événement est connu sous le nom de «la bataille d'Alger» dont le début aura été la grève des 8 jours. À Alger, c'est le chahid Larbi Ben M'hidi qui organisa et suivit de bout en bout l'opération depuis la Casbah où il était dans la clandestinité depuis son retour du congrès de la Soummam au cours duquel il fut nommé chef de la zone autonome d'Alger. Il était présent au congrès avec Krim Belkacem son compagnon du déclenchement du 1er novembre 1954. Quant à Ben Boulaïd et Didouche Mourad, ils étaient morts au combat. Rabah Bitat avait été arrêté en 1955 ainsi que Mohamed Boudiaf en 1956 dans l'avion piraté par l'armée française le 22 octobre 1956. Les huit jours de grève avaient paralysé la capitale. Il n'y avait plus de dockers pour décharger les bateaux. Les transports publics étaient à l'arrêt faute de receveurs dont la plupart étaient algériens. Le poste de chauffeur leur était interdit. Mais ce sont surtout les petits commerçants qui firent les frais de la rage qui s'était emparée des militaires de Massu. Vitrines éventrées, intérieurs saccagés, pillages et pour finir ils étaient condamnés à rester «fermés jusqu'à nouvel ordre». Les paras fracassaient les portes des domiciles pour embarquer en masse les Algériens qui étaient dirigés vers les camps de concentration. C'était aussi l'époque de la torture, méthode par laquelle Massu voulait démanteler la résistance dans la capitale. La répression était féroce. Les journalistes étrangers ont été témoins de toutes les atrocités commises contre le peuple algérien par les militaires français. Ce qui a donné à cette grève populaire une résonance extraordinaire jusqu'à atteindre les Nations unies à New York qui a pu se rendre compte des «souffrances» subies par le peuple algérien. L'objectif, de Larbi Ben M'hidi et de ses compagnons était pleinement atteint. Pendant toute cette durée et malgré le quadrillage de toutes les issues de la Casbah, Ben M'hidi était resté dans la vieille ville. Une fois la grève terminée, Ben M'hidi quitte la Casbah. Il devait rejoindre un refuge plus sûr au beau milieu d'un quartier européen où il ne viendrait pas à l'esprit au pouvoir colonial qu'un aussi grand dirigeant de la Guerre de Libération nationale puisse s'y trouver. Ce sont deux militants français pour l'indépendance de l'Algérie, Claudine et Pierre Chaulet qui étaient chargés par Abane Ramdane de transporter Ben M'hidi jusqu'à son nouveau refuge gardé secret. Le témoignage de ce transfert est laissé par le couple Chaulet qui, dans un entretien au quotidien El Watan du 14 avril 2011, ont déclaré ceci: «C'est nous qui l'avions accompagné jusqu'au boulevard du Télemly, à un endroit d'où il pouvait rejoindre à pied l'appartement dans lequel il a été arrêté. Comme il n'avait pas de provisions, c'est Claudine qui est allée chez l'épicier voisin acheter un paquet de pain d'épices.» C'est dans l'appartement du Télémly que Ben M'hidi reçut la visite des parachutistes venus l'arrêter. Au milieu de «ses» voisins, tous européens. Son arrestation fit grand bruit. Des journalistes ont pu l'interroger et se rendre compte de sa stature. D'ailleurs, le colonel Jacques Allaire, qui l'avait remis à Aussaresses pour l'assassiner, a eu ce témoignage: «L'impression qu'il m'a faite... j'aurais aimé avoir un patron comme ça...de cette valeur, de cette dimension. Parce que c'était un seigneur Ben M'hidi. Il était impressionnant de calme, de sérénité, et de conviction... bien que le règlement s'y oppose, je lui ai fait présenter les armes, parce qu'il faut reconnaître chez son adversaire la valeur et le courage.» Ce qui explique aussi son élimination par un Etat qui n'a pas hésité à utiliser des méthodes mafieuses. Ben M'hidi, l'artisan de la grève des 8 jours et l'un des pères de la Guerre de Libération nationale, faisait peur au pouvoir colonial. Nos jeunes doivent le savoir!

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