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LA FORMATION ET L'ENSEIGNEMENT PROFESSIONNELS

Et si le ministère était supprimé?

Entendue à la Chaine 3, la semaine dernière, la déclaration du ministre de la Formation & de l'Enseignement professionnels: «Le bac professionnel n'est pas une priorité. Notre secteur reçoit des bacheliers et même des diplômés universitaires.»
Quels enseignements tirer de cette intervention officielle? plusieurs pistes, toutes valides.
D'abord, il reconnaît que l'université connaît une saignée des effectifs - de la déperdition payée cash, en termes économiques. Alors que jusque-là, tout le monde ne parle que de déperdition scolaire, nous voilà avec un vocabulaire enrichi d'un concept: la déperdition universitaire. Et c'est le cas, puisque ces bacheliers et ces diplômés d'université dont parle le ministre - n'ont pas été programmés pour des études en formation et/ou enseignement professionnels. Une perte pour le secteur de l'université! On comprend leur repli tactique vers l'apprentissage d'un métier. Le chômage est difficile à juguler avec un parchemin universitaire obtenu suite à une accession sur un simple examen dit de bachotage (le bac), loin d'évaluer les vraies compétences requises, suivi d'une orientation/tombola décidée par une machine peu soucieuse d'étudier le profil approprié. Dans ce cas précis - et il paraît qu'ils sont de plus en plus nombreux - on peut parler d'un gaspillage d'argent et d'énergie. Voilà des étudiants embarqués dans des filières universitaires se rabattre vers le secteur de la formation professionnelle pour concurrencer des collégiens ou des lycéens moins outillés qu'eux pour réussir au concours d'entrée.

De nouvelles missions
Au-delà de l'ineptie du système d'évaluation et d'orientation - tant scolaire qu'universitaire - c'est la place du secteur de la formation et de l'enseignement professionnels dans l'architecture gouvernementale qui est posée. Voilà un ministère dont les missions - justifiées et pertinentes pendant les décennies 1960 à 1980 - seraient mieux prises en charge par d'autres départements ministériels. Au vu de la nouvelle configuration de l'économie nationale et des enjeux de l'équation formation/emploi, de telles missions doivent être impérativement revues et réorientées pour plus d'efficacité. D'abord, à commencer par la sémantique: le vieux concept de formation professionnelle (pour adultes, à l'origine - Cfpa créés en 1947) nécessite un toilettage. La dénomination ' apprentissage aux métiers'' est mieux indiquée surtout lorsque ce segment est géré par le ministère du Travail et de l'Emploi en étroite symbiose avec le monde économique. Dans cette nouvelle vision des choses, les actuelles 'écoles de formation professionnelle'' deviendraient des 'écoles d'apprentissage aux métiers''. Leur plan de charge - nature des métiers, promotions en effectifs - colleront aux besoins des bassins d'emploi locaux ou régionaux. Des besoins que la nouvelle tutelle fixera après concertation avec les opérateurs économiques: les Chambres de commerce, de l'artisanat, de l'industrie, les organisations patronales, les différents ministères.....Ainsi, grâce à cette synergie -laquelle nécessite un dispositif de coordination - une véritable carte des métiers pourra être établie à partir de besoins chiffrés et ciblés au niveau local et régional. La prospective ne sera pas de mise. Elle outillera les décideurs d'une approche pragmatique qui leur évitera d'élaborer des besoins devenant caducs du jour au lendemain et les aidera à anticiper l'évolution des métiers et des spécialités. La courbe du chômage ne souffrira plus du sureffectif d'apprentis même s'ils sont bien formés. En se délestant de ce ministère au profit de son intégration, la machine gouvernementale gagnera en souplesse dans l'action. La gestion des promotions à former dans les 'écoles d'apprentissage aux métiers'' ne répondra plus à des planifications administratives comme c'est le cas, mais à des impératifs dictés par la réalité du monde du travail, dans ses deux versants publics et privé. Cette approche est inédite dans les moeurs de ce secteur qui a gardé les réflexes de la planification héritée de la période de plein emploi. Les agences de l'Anem auront à se convertir en véritables chevilles ouvrières, en quête d'opportunités, mais aussi devenir prospectrices de nouveaux gisements d'emplois pour alimenter les plans de formation en apprentissage.
Qui ira dans ces 'écoles d'apprentissage aux métiers''? Des collégiens de 3AM, s'ils le désirent pour une année de préapprentissage avant d'accéder à l'apprentissage proprement dit qui, lui, recevra les élèves de 4AM orientés selon leurs voeux. Nous insistons sur la motivation et le choix assumé par le collégien pour que leur séjour en apprentissage soit rentable. Faudrait - il encore rendre opérationnelles et fluides des passerelles d'orientation entre le collège et l'école d'apprentissage aux métiers. Pour cela, un gros travail de sensibilisation et de communication éducative doit être mené en direction des élèves et de leurs parents et ce tout au long de leur scolarité. Il s'agit de leur faire découvrir les différents métiers par divers formes de contact: visites guidées et monographie de tel ou tel métier, vidéos pédagogiques, accueil de professionnels au sein de l'école, du collège ou du lycée pour parler et discuter de son métier. Souvenir: une expérience instructive mais brève! Il fut un temps, vers la deuxième moitié des années 1970, où les élèves algériens de 3°A Moyenne recevaient une heure hebdomadaire d'information sur les métiers. Un professeur volontaire assurait ce cours avec brio et passion. Dépouillée de la notation du contrôle, cette séance était prisée des élèves ainsi mis en situation de complicité avec le professeur, loin de la pression et du stress du contrôle et de la note. C'était pour eux l'occasion de visiter une ferme pour les métiers agricoles, l'usine pour les métiers de l'industrie, l'hôpital, l'artisan du quartier ou du village. De plus, à cette époque, la dimension polytechnique de l'Ecole algérienne, entrevue le temps d'un printemps éphémère, donnait l'occasion aux collégiens de monter un potager, voire un verger, travailler en atelier le bois, le fer. Malheureusement, cette ouverture de l'école sur la vie ne tardera pas à être jetée aux oubliettes. Notre système scolaire sombra corps et biens dans un archaïsme pédagogique qui transformera les cerveaux de générations d'élèves en entonnoirs/réceptacles passifs de disciplines scolaires à mémoriser par réflexe pavlovien. Seul le retour à de saines pratiques pédagogiques en phase avec les besoins vitaux de nos élèves, pourra réconcilier ces derniers avec les études et choisir leur projet de vie professionnelle à partir de leurs penchants, dons et prédispositions naturelles. L'orientation en préapprentissage et en apprentissage s'inscrit résolument dans une telle philosophie éducative. Certes, on peut reculer l'âge d'entrée en école d'apprentissage aux métiers et laisser l'élève finir son cycle secondaire. Mais ce serait peut-être une perte de temps. Il vaudrait mieux l'accompagner tout au long de son apprentissage (et préapprentissage) après le collège par des modules théoriques de formation en culture générale (langues, histoire/géo, sciences nat. philosophie).
Quant aux instituts supérieurs d'enseignement professionnel - eux aussi, doivent changer de dénomination et leur faire tomber le mot 'professionnel'' pour le remplacer par technologique. Ainsi, nous aurons les nouveaux Instituts supérieurs d'enseignement technologique (Iset) en lieu et place des Isep actuels. Là se pose une contradiction de taille qui a été générée par la suppression des anciens lycées techniques. En effet, au ministère de l'Education nationale existe une direction de l'enseignement secondaire général & technologique. A part l'enseignement général, le volet technologique a été réduit à la portion congrue suite à la suppression de l'enseignement technique. Au départ, les décideurs pensaient que ce type d'enseignement revenait de droit à l'enseignement professionnel. Grave méprise! Toutefois, dans une éventuelle suppression du Mfep cette méprise pourra être réparée. Il s'agit de ramener l'actuel enseignement professionnel (à nommer enseignement technologique) dans le giron de l'Education nationale sans toutefois penser à sa généralisation dans chaque lycée du pays. Les actuels Isep devenus Iset constitueront des pôles d'excellence régionaux sous la tutelle du ministère de l'Education nationale qui agira en étroite collaboration avec le ministère du Travail(Emploi).
Mais - car il y a un mais! - l'avènement des Ecoles d'apprentissage aux métiers (E.A.M.), relevant du ministère du Travail et des Instituts supérieurs d'enseignement technologique (Inset), confiés au ministère de l'Education nationale exige de résoudre l'éternelle et lancinante question de leur attractivité auprès des parents et des élèves.

Sauter les verrous
Dans une intervention au Forum de Liberté en 2014, l'ex (et actuel) ministre de la F&E.P, M. Mohamed Mebarki, avait déclaré «notre secteur ne reçoit que 01% sur les 30% d'élèves censés (prévus par les textes) être orientés vers la formation et l'enseignement professionnels». Et de lâcher dans un regret compréhensible «notre secteur souffre d'une lacune: il est considéré comme le réceptacle des recalés». Tout est dit dans cet aveu de taille, déjà émis par tous ses prédécesseurs, faut - il le souligner. Que faire? Tout simplement sauter les verrous des mentalités rétrogrades qui dévalorisent les métiers et les activités manuelles et technologiques - à commencer par le verrou instauré par le ministère de l'Enseignement supérieur.
Voici une image surréaliste, symbole de cette dévalorisation générée et orchestrée par ces verrous. A la veille de chaque session, les autorités en charge de la formation et de l'enseignement professionnels investissent les espaces publics pour porter la bonne parole auprès des jeunes et de leurs parents. On peut voir des affiches conçues de façon sommaire par des écoles de formation, collées sur des murs dans les communes où elles sont implantées, voire de grandes banderoles suspendues le long des axes routiers. Une initiative inédite mais qui a le mérite d'alerter sur l'ostracisme qui frappe ce segment du système éducatif. Avaient -elles (ces autorités) besoin de ce subterfuge pour attirer 'de la clientèle'', si tous les partenaires institutionnels avaient participé à cette valorisation d'un secteur vital pour le développement économique? Même si l'un des partenaires, à savoir le ministère de l'Education nationale, a joué le jeu via des textes réglementaires conjoints et des commissions interministérielles (MEN/Mefp), il n'en demeure pas moins que l'impact de cette collaboration n'a pas été positif. En témoignent le recours à cette opération de communication insolite. Le monde économique, les industries, le secteur des BTP, l'artisanat et le tourisme, le ministère de l'Enseignement supérieur sont concernés. Pour ce dernier, une responsabilité lourde pèse sur ses épaules quant à la dévalorisation de l'enseignement professionnel. N'a-t-il pas, depuis toujours, refusé l'admission des titulaires des DEP1 et DP2 aux études d'ingéniorat? Au motif insensé qu'ils n'ont pas le bac! Et ce malgré leurs quatre années d'études dans le cycle post-obligatoire. Est -il logique de refuser des élèves qui ont passé quatre ans dans le cycle post-obligatoire, les élèves des Insep munis du DP et du DP2, et d'accepter les lycéens bacheliers qui, eux, ont suivi une scolarité de trois ans dans ce même cycle (post-obligatoire)? Avec un tel état d'esprit, le principe d'équité scolaire est largement écorché.
Ainsi, huit années après le lancement de la voie de l'Enseignement professionnel au profit des collégiens admis en seconde, les élèves ne se bousculent pas au portillon des Instituts supérieurs d'enseignement professionnel. Les trois diplômes programmés tout au long du cursus (DPI, DP2 et BTS) n'ont pas eu l'effet de motivation escompté. Pourquoi? Conditionnés par le mythe du 'le bac est la seule voie de salut'', les élèves admis au post-obligatoire nourrissent - pour leur écrasante majorité - le rêve de suivre des études supérieures. Or, il n'existe pas de prolongement universitaire - de type ingéniorat - aux diplômes des instituts d'enseignement professionnel. Résultat des courses: les diplômes délivrés par les Instituts supérieurs d'enseignement professionnel ne préparent que pour la vie active, à hauteur d'une qualification de technicien supérieur. A cause de l'attitude de l'Enseignement supérieur qui minimise la portée académique du cursus de l'Enseignement professionnel, les élèves du collège préfèrent aller dans un lycée d'enseignement général. Leur objectif et celui de leurs parents étant de décrocher le passeport pour l'université. Le mépris dont il est victime - il faut dire les choses par leur nom - a grandement nuit à l'image de la formation et de l'enseignement professionnel algériens. Ce qui est loin d'être le cas dans de nombreux pays développés qui hissent l'enseignement professionnel au même statut que l'enseignement secondaire général, éligible à des études supérieures, en ingéniorat. Il est urgent que l'Etat fasse jouer à l'enseignement professionnel (ou technologique) son rôle de levier au profit du développement économique et social. Et par là, offrir à nos enfants et adolescents la possibilité d'assouvir leurs dons et leur vocation: embrasser un métier qui les fait rêver. Osons espérer qu'un jour, le ministère de l'Enseignement supérieur finira par se rendre à l'évidence et qu'il lèvera l'obstacle qu'il a mis devant l'enseignement professionnel.Le plus tôt serait le mieux!

Témoignage
Entendu sur l'écran d'une télévision française: un enseignant d'université, de rang professoral, a fait l'aveu de son échec dans l'orientation de son fils unique. Certes, celui-ci a brillamment clôturé ses études universitaires de droit avec un niveau de bac +5, mais il n'a jamais voulu exercer la spécialité voulue par ses parents. Il a préféré rejoindre les tailleurs de pierres de son village natal. Un métier qui le fait rêver depuis sa tendre enfance.
Contraint de respecter ce choix insolite, le professeur s'est dit consolés, lui et son épouse, à l'idée de savoir leur fils heureux et épanoui dans son travail quotidien. Il dira, soulagé: «Et ce qui ne gâte rien, en tant que tailleur de pierre, il touche un pactole mensuel supérieur au mien.» Il faut dire que les tailleurs de pierres modernes travaillent avec des machines sophistiquées. Ils ont même des prédispositions artistiques en y associant la sculpture sur pierre.

TRIBUNE DES PARENTS
De Mme C. d'Alger (Kouba)
«On a renvoyé ma nièce»
Ma nièce est scolarisée dans un lycée privé. Elle arrive au lycée normalement à huit heures du matin. Elle a été renvoyée dehors (hors enceinte du lycée) car elle s'était absentée la veille et n'avait pas de certificat médical.
Humiliée, elle a pleuré et rejoint son domicile. Aussi, on met à la porte des fillettes de 15 ans comme ça, selon son bon vouloir? Est-ce normal ça? Ces renvois d'élèves sont une pratique courante dans cet établissement privé. Les parents n'osent rien dire. Ce sont généralement des gens affairés qui n'ont pas de temps.
Réponse: la réglementation est claire. Il est interdit de renvoyer un élève une fois admis dans l'enceinte de l'établissement. L'administration aurait dû avertir à l'avance les parents de l'absence de leur fille et les convoquer. Mais c'est étonnant de voir les parents passifs à ce point. Et si l'élève, renvoyé brusquement et se retrouvant dans la rue, se faisait aborder par des gens malintentionnés?

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